Une tablette numérique (encore perfectible) est apparue sur les deux-roues du rallye. Elle remplace les rouleaux de papier d’une autre époque, que nous raconte l’ancien pilote vaudois Jean-Jacques Loup.
Jean-Jacques Loup a disputé quatre fois le Paris-Dakar dans les années 80, à une autre époque de sa vie, et de celle de la course aussi. Le Vaudois de 79 ans continue pourtant de suivre l’épreuve chaque hiver. Et il a remarqué que quelque chose avait changé sur les deux-roues cette année, qu’une nouveauté encore jamais vue sur la célèbre course était apparue: une tablette numérique.
On distingue le nouveau dispositif sur la KTM du pilote argentin Kevin Benavides.
Trois ans après les équipages auto, c’est donc au tour des motards de bénéficier de cette nouvelle technologie. Elle remplace les rouleaux de papier, que les pilotes inséraient dans un dérouleur avant le départ, puis faisaient défiler tout au long de la journée. Un procédé qui parait archaïque aujourd’hui mais que Jean-Jacques Loup, le «Michel Sardou de Montmagny», a toujours trouvé très efficace.
«Lors de ma première participation, nous n’avions même pas de rouleau, mais une pile de feuilles, sur lesquelles étaient notés les indications du tracé, et que nous enlevions au fur et à mesure de notre progression, rembobine-t-il. Nous les jetions ensuite dans la nature, une à une. C’était vraiment une autre époque.»
En haut à gauche de la KTM en 1983, le support recevant les feuilles dont les motards se débarrassaient.
Le dispositif vu de face.
Le rouleau de papier est très vite apparu. Il avait l’avantage de permettre aux motards qui s’égaraient en chemin de consulter à nouveau les indications précédentes, de sorte à pouvoir reprendre le fil de la course une fois l’itinéraire retrouvé.
«Nous avions un petit interrupteur, que nous actionnions pour faire dérouler les indications du tracé sous nos yeux», renseigne Jean-Jacques Loup.
Le dérouleur électrique (à droite) sur la Suzuki de 1989.
Le Vaudois avec Gaston Rahier (à droite), son coéquipier sur le Paris-Dakar 1989.
Le rouleau étant incrusté dans une boîte, il était de fait protégé des tempêtes de sable et des éléments extérieurs. «C’était un outil fantastique», reconnaît Jean-Jacques Loup, qui l’assure :
«Je n’aurais pas préféré avoir une tablette numérique. Et puis, de toute façon, ce n’était pas dans l’esprit de l’époque»
Ça l’est donc aujourd’hui, dans ce Dakar qui a débuté le 3 janvier en Arabie saoudite. Concrètement, les motards n’ont qu’à appuyer sur l’écran pour faire défiler les indications du parcours. «Il fallait bien qu’on passe un jour à la tablette numérique», s’est réjoui Daniel Sanders, cité dans L’Equipe. Le pilote KTM apprécie la nouveauté, même s’il y a encore du travail pour qu’elle soit fiable.
«Ça nous facilite la vie, c’est super instinctif, plus rapide à faire défiler que le papier. Tant que ça ne tombe pas en panne, c’est parfait»
Les bugs informatiques ne sont pas le seul problème. La tablette peut se casser en cas d’accident et lorsque le soleil frappe fort sur l’écran, le motard prend «tout le reflet dans la tronche», comme l’a souligné Adrien Van Beveren, pas encore ébloui par cette nouvelle technologie qui devrait évoluer au fil des saisons.