De plus en plus de pays d’Europe revoient à la hausse la vitesse autorisée sur leurs autoroutes. Expérimentations, nouvelles réglementations et retour aux anciens plafonds, la tendance s’affirme.
EN BREF
En juin 2025, la République tchèque testera 150 km/h sur certaines autoroutes, rejoignant l’Italie et les Pays-Bas dans la révision des limitations.
Les tests tchèques visent à évaluer l’acceptation et l’impact sur la sécurité, tandis que l’Italie et les Pays-Bas ont déjà ajusté leurs vitesses.
La France pourrait-elle suivre cette tendance européenne ? Pour l’instant, aucune décision n’est prise, mais le débat reste ouvert.
Alors que la République tchèque s’apprête à tester les 150 km/h sur certaines sections d’autoroute, d’autres pays comme l’Italie ou les Pays-Bas revoient à la hausse leurs limitations. Entre volonté d’adapter les infrastructures et débats sur la sécurité, la question divise. En France, la réflexion pourrait-elle suivre la même direction ?
Un changement progressif en Europe
Plusieurs pays européens ajustent actuellement leurs limitations de vitesse sur autoroute. Certains, comme la République tchèque, lancent des expérimentations pour évaluer les effets, tandis que d’autres, à l’image des Pays-Bas ou de l’Italie, ont déjà validé une hausse des limites. Dès juin 2025, la République tchèque testera la vitesse maximale de 150 km/h sur plusieurs tronçons. Celà ne concerne bien évidemment pas l’ensemble du réseau autoroutier mais seulement certaines sections bien précises, jugées adaptées à une telle augmentation. Parmi elles, des portions de la D3 entre Tábor et České Budějovice, ainsi que des sections des autoroutes D1 et D11, toutes choisies pour leur tracé droit et leur revêtement tout neuf. Cette phase de test vise à évaluer l’acceptation de cette hausse par les automobilistes et son impact sur la sécurité routière.
En Italie, depuis 2023, certaines autoroutes permettent déjà de rouler à 150 km/h. Ce changement concerne les axes à trois voies offrant des conditions optimales en termes de sécurité et de visibilité. Un dispositif de signalisation dynamique permet d’adapter la vitesse en fonction des conditions de circulation. De leur côté, les Pays-Bas font machine arrière sur une mesure adoptée durant la période Covid. En 2020, le pays avait réduit la vitesse sur autoroute à 100 km/h en journée pour limiter les émissions polluantes. Désormais, sur certains tronçons, les automobilistes peuvent de nouveau rouler à 130 km/h. Cette modification s’inscrit dans une logique de retour à la normale, jugée plus adaptée à la circulation et aux attentes des usagers. Enfin, l’Allemagne, pays connu pour l’absence de limitation sur une partie de ses autoroutes, reste au cœur d’un débat récurrent. Certains défendent le maintien de la liberté de rouler à des vitesses élevées, tandis que d’autres militent pour une réduction à 130 km/h au nom de la sécurité et de l’environnement. En Autriche, les discussions autour d’une hausse des limitations pourraient être relancées après les prochaines élections. Bref, l’Europe semble vouloir augmenter la vitesse autorisée sur ses autoroutes, mais tous les pays n’évoluent pas à la même vitesse dans cette direction.
La France pourrait-elle suivre ?
Avec un réseau autoroutier parmi les plus denses d’Europe et une limitation actuelle à 130 km/h, la France pourrait-elle envisager d’élever cette barre ? Pour l’instant, aucune décision politique ne va dans ce sens, mais la question se pose. Les infrastructures françaises sont globalement bien entretenues, et certaines portions d’autoroutes pourraient techniquement supporter des vitesses plus élevées. Les détracteurs de l’idée rappellent cependant que l’augmentation de la vitesse accroît la consommation de carburant, ce qui va à l’encontre des objectifs écologiques et des politiques de réduction des émissions de CO2. De plus, en matière de sécurité routière, la France affiche des chiffres qui incitent à la prudence. Selon les dernières données de la Sécurité routière, la vitesse excessive ou inadaptée est impliquée dans près d’un tiers des accidents mortels ! Toutefois, certains experts avancent que les autoroutes sont les voies les plus sûres et que la majorité des accidents graves se produisent sur le réseau secondaire.
Un autre point de débat concerne l’acceptabilité sociale. En 2018, on s’en souvient, l’abaissement de la vitesse à 80 km/h sur les routes secondaires avait suscité de vives réactions. Augmenter la vitesse sur autoroute pourrait être perçu comme une mesure favorable aux conducteurs, mais également comme un contre-message par rapport aux réductions imposées ailleurs. Enfin, l’aspect économique entre en ligne de compte. Une hausse de la vitesse limite impliquerait des modifications de signalisation, des évaluations sur la structure des routes et une surveillance plus poussée. En revanche, cela pourrait aussi réduire les temps de trajet sur de longues distances, ce qui ravira certains usagers réguliers. Mais n’allons pas trop vite, car pour l’instant, la France ne semble pas prête à emboîter le pas à ses voisins. En revanche, si d’autres pays européens démontrent que l’augmentation de la vitesse sur certaines portions d’autoroute ne dégrade ni la sécurité ni l’environnement, le sujet pourrait revenir sur la table.