Après une crise qui a mis le groupe KTM, célèbre marque de motos, au bord de la faillite, le constructeur relance enfin sa production. Pour le plus grand plaisir de ses fans.
Après avoir enregistré des pertes colossales estimées à plusieurs centaines de millions d’euros en 2024, la célèbre marque autrichienne de Mattighofen a obtenu l’approbation de ses créanciers pour un plan de restructuration de 548 millions d’euros. Ce feu vert, officialisé le 25 février 2025, va permettre à KTM de relancer sa production et de commencer à rembourser ses dettes, mettant fin à une période de turbulences sans précédent.
Un effondrement économique préoccupant
Dire que l’année 2024 a été difficile pour KTM est un euphémisme. En effet, la marque avait été contrainte d’entrer en “auto-administration” en novembre, un processus juridique lui permettant de gérer elle-même ses actifs sous supervision judiciaire, avec pour objectif de trouver un accord avec ses créanciers en 90 jours. Cette décision a été motivée par une accumulation de problèmes financiers, avec notamment une surproduction massive entraînant un stock excessif sur le marché, couplée à un ralentissement de ses ventes. Par exemple, chez nous, la KTM 125 Duke, ex-best-seller de la marque, a dévissé de 26%, passant de 1 124 immatriculations en 2023 à 829. Sur le segment des grosses cylindrées, c’est le roadster 790 Duke qui tire les wagons devant les 890 Duke, 1390 S Duke R ou les 790 et 890 Adventure, mais aucun n’arrive à se hisser dans un top 5.
Ce marasme financier s’est traduit par une suspension de la production à l’usine de Mattighofen, des licenciements massifs et la fermeture de plusieurs lignes de fabrication. En septembre 2024, la maison-mère Pierer Mobility avait déjà annoncé une réduction de 25% de sa production prévue pour 2025, et des coupes budgétaires d’un milliard d’euros étaient en discussion pour 2025 et 2026. Ces mesures ont entraîné la suppression de plus de 600 emplois et la restructuration en profondeur de l’équipe dirigeante, avec notamment la réduction du conseil d’administration de six à deux membres.
Un plan de sauvetage de 548 millions d’euros validé
Le 25 février 2025, KTM a obtenu l’accord de ses créanciers pour un plan de restructuration d’un montant total de 548 millions d’euros. Ce plan prévoit que les créanciers recevront 30% de leurs créances sous forme d’un paiement unique. Pour honorer cet engagement, KTM devra déposer l’intégralité du montant auprès de son administrateur judiciaire d’ici au 23 mai 2025. Ce financement a été rendu possible grâce à une injection de 50 millions d’euros par un groupe élargi d’actionnaires. Si les noms des contributeurs restent encore confidentiels, des rumeurs suggèrent que les entreprises chinoise CFMoto et indienne Bajaj, déjà partenaires industrielles de KTM, figureraient parmi les investisseurs. Il est également question d’une possible implication de BMW, bien que cela n’ait pas été confirmé officiellement. L’approbation définitive du plan par les tribunaux autrichiens est attendue pour début juin 2025, ce qui marquera la fin officielle du processus de restructuration.
Un retour à la production dès mars 2025
Avec la validation de ce plan, KTM peut désormais envisager une reprise progressive de ses activités. La production, suspendue depuis plusieurs mois, redémarrera mi-mars 2025 à l’usine de Mattighofen. L’objectif est de remettre en marche les quatre lignes de production et de retrouver une capacité opérationnelle complète d’ici à trois mois. Cependant, ce retour ne se fera pas sans conséquences. KTM prévoit de poursuivre sa stratégie de délocalisation en accélérant le transfert d’une partie de sa fabrication vers l’Inde et la Chine, afin de réduire ses coûts de production.
Une restructuration inévitable
En dépit des difficultés traversées, les dirigeants de KTM affichent un certain optimisme quant à l’avenir. Gottfried Neumeister, co-PDG de la marque, a insisté sur l’importance de cette restructuration pour garantir la robustesse de l’entreprise sur le long terme. “L’enthousiasme de nos employés est notre plus grand atout concurrentiel”, a-t-il déclaré. “Nous devons maintenant rendre l’entreprise aussi robuste que nos motos, pour nous concentrer à nouveau sur ce que nous faisons de mieux : construire les meilleures motos du monde.”
De son côté, l’ancien PDG Stefan Pierer, qui a quitté ses fonctions en janvier 2025, avait reconnu que KTM devait revoir son modèle économique pour s’adapter à un marché en pleine mutation, avec une concurrence accrue et l’essor de nouveaux acteurs, notamment chinois.