Ott Tanak (Hyundai) a remporté dimanche le Rallye d’Europe centrale, avant-dernière épisode du championnat du monde (WRC), restant ainsi en lice pour le titre mondial face à son équipier Thierry Neuville, troisième sur le tracé partagé entre la République tchèque, l’Autriche et l’Allemagne.
L’Estonien totalise à présent 200 points au championnat, contre 225 pour le Belge, vice-champion du monde à cinq reprises (2013, 2016, 2017, 2018 et 2019). Tout se jouera entre les deux pilotes Hyundai lors du Rallye du Japon, du 21 au 24 novembre. Un maximum de trente unités peut être inscrit durant une épreuve, six points suffiront dès lors à Neuville pour obtenir son premier sacre mondial.
La couronne peut-elle encore lui échapper ? Oui et non…
OUI car tout est naturellement possible tant que la saison n’est pas terminée. Une erreur peut toujours survenir, une petite inattention peut rapidement coûter de nombreuses secondes. Qui aurait pu prédire que Calimerogier allait partir à la faute lors des trois derniers rallyes, respectivement en Grèce, au Chili et en Europe centrale ? Personne. Pire : qui aurait pu supposer que Carlos Sainz allait perdre le titre à 500 mètres de l’arrivée lors de l’édition 1998 du championnat du monde des rallyes ? Personne.
Les surprises viennent parfois perturber un scénario qui prend une direction favorable. Pour Thierry Neuville, il s’agira surtout de ne pas rencontrer une mésaventure le dimanche. Elle l’empêcherait de marquer des points spécifiques sur la dernière journée du rallye… tout en annulant les unités récoltées au terme de la journée du samedi. Un abandon le dimanche, à l’image de Calimerogier en Europe centrale, serait synonyme de zéro pointé. Un abandon le vendredi ou le samedi permettrait toujours à notre compatriote d’essayer de prendre des points le dimanche.
NON car la dynamique du pilote belge est plus qu’encourageante en cet exercice 2024. Leader depuis la première manche au Monte-Carlo, Neuville a fait preuve d’une vraie maitrise pour ne jamais quitter cette première place provisoire, notamment quand sa position d’ouvreur était désavantageuse durant sept rallyes consécutifs.
Six points à inscrire, c’est finalement très peu. Une sixième place le samedi soir serait suffisante (à condition de voir l’arrivée dimanche), comme plusieurs possibilités uniquement sur la dernière journée : une quatrième place sur le Super Sunday couplée à une quatrième position sur la Power Stage par exemple (soit 4 + 2 points).
Thierry Neuville n’a jamais inscrit aussi peu d’unités cette saison : 30 au Monte-Carlo, 18 en Suède, 19 au Kenya, 19 en Croatie, 24 au Portugal, 12 en Sardaigne, 14 en Pologne, 9 en Lettonie, 23 en Finlande, 24 en Grèce, 15 au Chili et 18 en Europe centrale. Hyundai est en lutte pour le titre chez les constructeurs, mais il aura l’autorisation de se concentrer sur sa situation personnelle.
Dans le même temps, il faudrait qu’Ott Tanak fasse le carton plein de 30 unités, soit le maximum possible (18 le samedi soir, 7 sur le Super Sunday et 5 dans la Power Stage). Un butin impressionnant récolté seulement une fois cette saison, au Monte-Carlo en janvier… par Thierry Neuville.
Les planètes semblent alignées pour le pilote belge de 36 ans. Il restera à transformer l’essai au Japon, où le natif de Saint-Vith s’est imposé en 2022. Son sacre constituerait ni plus ni moins que l’aboutissement logique de cette saison.
Rappel du système d’attribution des points
Position samedi soir 1er 2e 3e 4e 5e 6e 7e 8e 9e 10e
Points 18 15 13 10 8 6 4 3 2 1
Position classement du dimanche 1er 2e 3e 4e 5e 6e 7e
Points 7 6 5 4 3 2 1
Position Power Stage (dimanche) 1er 2e 3e 4e 5e
Points 5 4 3 2 1
Thierry Neuville aura quartier libre au Rallye du Japon : « Nous devons être raisonnables », estime Cyril Abiteboul
Cyril Abiteboul, le patron de l’équipe Hyundai Motorsport, a pu quitter le Rallye d’Europe Centrale le cœur léger : un de ses deux leaders, Thierry Neuville ou Ott Tanak, deviendra d’ici un mois Champion du Monde des Rallyes, et ce sera une grande première pour la formation sud-coréenne.
Les deux hommes sont montés sur le podium du Central European Rally, et s’ils en font de même au Japon, Hyundai décrochera le titre constructeurs et un doublé historique pour la marque, qui est présente pour la 11e année consécutive en WRC.
« On sait que Toyota essaie de nous rattraper, et c’est une tâche très compliquée, a rappelé Cyril Abiteboul au micro d’Olivier Gaspard, l’envoyé spécial de la RTBF sur le CER. Au final, il y a des erreurs qui sont commises, comme celles de Calimerogier, qui était sous pression. On en profite, mais ces erreurs sont commises « grâce » à notre propre rythme. L’identité du pilote Hyundai qui sera couronné n’est pas encore connue, même si l’un d’entre eux a un gros avantage. On s’attendait à ce que Thierry n’attaque pas fort dimanche, car il n’avait pas besoin de le faire et qu’il s’était fait un petit peu peur samedi. Cela lui a rappelé tout ce qui était en jeu. Ott pouvait et devait davantage attaquer, et ce jeu d’équipe a parfaitement fonctionné. D’une certaine façon, Ott a réussi, à lui tout seul, à tenir en respect les trois Toyota lancées à nos trousses depuis pas mal de temps maintenant. Ce jeu, qui aurait pu nous être préjudiciable, a tourné en notre faveur ce week-end. »
Lors du Rallye du Japon, Thierry Neuville n’aura besoin que de 6 petits points (son plus faible total cette année, c’est 9 points en Lettonie) pour assurer son titre mondial. Et son patron concède qu’il pourra se concentrer sur cette mission plutôt que de penser au titre constructeurs.
« Au Japon, on ne peut pas attendre autre chose de sa part, nous devons être raisonnables, il y a beaucoup d’enjeux et de pression, a affirmé Cyril Abiteboul. Il y aura, je pense, un peu de nervosité de son côté, et c’est complètement normal. Nous devrons faire nos plans, non pas sans lui, car il en sera évidemment partie prenante, mais en prenant en compte qu’il sera sur une stratégie un peu décalée, et complétée par nos deux autres voitures, celles d’Ott Tanak et Andreas Mikkelsen. »