Un scrambler étant à l’origine une moto évoluant en tout-terrain, nous avons sélectionné logiquement des monocylindres et bicylindres plutôt légers. Les bicylindres verticaux (Yamaha XS650 et Kawasaki W650) et les gros mono reprennent l’architecture des motos de off-road utilisées lors des courses dans le désert californien et en motocross dans les années 50 puis 60.
Un bref historique du scrambler
Le scrambler est une moto préparée pour évoluer en tout-terrain. Son nom a pour origine une discipline née dans les années vingt et proche du trial, le scrambling. Quasiment dans la foulée, les Français la rendront plus spectaculaire en mettant les scramblers sur des circuits fermées en terre agrémentés d’obstacles comme des bosses à sauter. Cela acte la naissance du motocross.
Dans les années 50, les scramblers débarquent aux États-Unis avec des courses se déroulant dans le désert californien. Ces épreuves ménageant de longues lignes droites demandent de puissantes anglaises à bicylindres vertical cubant 650 cm3 baptisées « desert sled« .
Définition d’un scrambler
Puisque à l’époque, il n’existe pas de motocross ou d’enduro, les motards modifient des anglaises de route. La préparation off-road était plutôt sommaire : un grand guidon, des pneus tétines, un protège-carter et un échappement haut. N’oublions-pas que les suspensions à forts débattements n’existaient pas.
Pourquoi les prépa’ scrambler rencontrent-elles un si grand succès ?
Les préparations scrambler sont beaucoup plus présentes dans la scène custom que les café racers. Cet intérêt est lié à des paramètres tels que :
- Une mécanique simple (gros mono ou bicylindre), robuste et accessible ;
- Un châssis tubulaire ;
- Moins de pièces à changer : une boucle arrière à souder, 2 garde-boues, un grand guidon et vous avez déjà fait la moitié du travail ;
- L’emploi de quelques outils de chaudronnerie (poste à souder, chalumeau et meuleuse) dont on pourra déléguer la tâche à un artisan ;
Quelle base pour faire un scrambler ?
Pour des raisons de coût, beaucoup des scramblers actuels sont réalisés à partir de trails à monocylindre des années 80-90. Ils sont accessibles financièrement (dès 1500 €) et disposent de suspensions performantes de série pour une utilisation tout-terrain ou off-road.
Est-ce légal de préparer sa moto en scrambler ?
Selon le code de la route, peu de modifications sont admises par le législateur. On peut par exemple déplacer les cale-pieds car c’est un élément de confort du motard. On peut changer la viscosité de l’huile de fourche mais pas là remplacer par une plus performante car l’angle de chasse ou l’empattement n’est plus le même. Cette nouvelle géométrie de votre deux roues implique un passage aux mines. Voir notre article : Customisation moto : qu’est ce qui est permis ?
Quelles bases mécaniques ont été exclues de ce top ?
Nous avons exclu de ce panorama, le Sportster de Harley-Davidson en raison de son poids (250 kg) qui se prête mieux à un traitement street tracker ou bobber. Les BMW Séries R & Monolever café racer ou scrambler et Yamaha XV ou Virago ont déjà fait l’objet d’un article.
1- Suzuki DR 600 & DR650 (1985-2004)
Suzuki a mis les petits plats dans les grands avec ce trail monocylindre de 589 cm3 réalésé en 1990 à 644 cm33. Les Suzuki DR 650 (46 ch.) et DR 600 (44 ch.) ont recours à un refroidissement air-huile (une technologie utilisée sur la GSX-R), deux arbres d’équilibrage entraînés par chaîne et une culasse hémisphérique à 4 soupapes recevant deux bougies. Ajoutez un carburateur à guillotine muni d’une pompe de reprise et vous obtenez un gros mono capable de reprendre sur le couple dès 1500 tr/mn. Cette moto sans gros défaut s’échange dès 1500 euros pour un modèle en état moyen.
- Les + : Gros mono solide, maniabilité (139 kg), bonne tenue de route (pour un trail)
- Les – : Freinage, partie-cycle sensible à la rouille, finition moyenne
2– Honda NX 650 Dominator (1988-1999)
Cette moto marque la fin de l’âge d’or des trails monocylindres. Son moteur, dérivé de la Honda XL600 R de 1983 à soupapes radiales et à double sorties d’échappement, est réalésé pour atteindre 644 cm3.
Grâce à cela, la Honda Dominator (152 kg) peut revendiquer des qualités routières indéniables avec 45 chevaux et 53 Nm. Largement diffusée (plus de 14.000 exemplaires vendus en France), vous n’aurez aucun mal à en trouver une pour moins de 1500 €.
- Les + : cote, qualité routière
- Les – : finitions sur certains millésimes
3- Yamaha XS650 (1970-1983)
La Yamaha XS 650 est le premier 4-temps de la firme aux 3 diapasons. Elle perpétue l’esprit du vertical twin anglais, la fiabilité en plus. Machine à tout faire, attelée en side-car cross, dirt tracker titré aux mains de Kenny Roberts ou base pour un chopper !
Ce twin plutôt lourde (191 kg) pâtit des premières lois anti-pollution (eh oui !) et ne délivre de série que 53 chevaux. Jouissant d’un très large catalogue de pièces aftermarket, libre à vous de lui donner les Watts qui lui manque !
Revers de la médaille, la cote de cette vintage est très élevée et même une version Custom (jantes à bâtons) se dégotte rarement en deçà de 3700 euros.
- Les + : caractère moteur, moto culte, fiabilité, « collector » pour les plus vieilles
- Les – : cote
4 – Yamaha XT (1976-1991)
La Yamaha XT 500 s’inspire des BSA B44 Victor et B50. Différence majeure avec les gros mono anglais, elle n’est pas culbutée mais dispose d’un arbre à cames en tête et d’une flopée de roulements apportant une fiabilité tout nippone.
Elle connut un succès tant commercial (62 600 exemplaires vendus en Europe de 1976 à 1989) que sportif en remportant les Paris-Dakar 1979 et 1980 aux mains de Cyril Neveu.
En 2021, le rendement du gros mono fait pâle figure (32 chevaux), mais les lignes vintage de ce gros mono font toujours mouche. N’espérez pas dénicher ce mythe en deçà de 4 500 euros et la chose est identique pour ses versions routières (Yamaha SR 400 & SR 500).
- Les + : look, scrambler de série, icone, versions 125 & 250 cm3 abordables mais cantilever !
- Les – : performance, freinage, cote, contenance du réservoir, demande un solide jarret !
5 – Yamaha XT 550 & XT 600 (1982-1990)
Afin de ne pas se faire distancer par Honda, Yamaha propose durant une courte période (1982- 1983) la XT 550 ( 38 chevaux) qui reçoit une culasse à quatre soupapes et un balancier d’équilibrage. Cette moto « intermédiaire » conserve un look plutôt classique malgré une suspension cantilever. Cette moto cède sa place fin 1983 aux XT600 et la 600 Ténéré dont le monocylindre de 595 cm3 délivre 44 puis 46 chevaux en 1986 avec la type 1VJ.
- Les + : démarreur électrique Ténéré type 1VJ, qualité routière, cote (XT 550)
- Les – : cote de la XT600Z Ténéré (34L) qui grimpe !
6 – Honda XL 500S
Lancée en 1979, la Honda 500 XLS restera dans l’ombre de la Yamaha XT 500 sortie trois ans plus tôt. Malgré un gros mono raffiné (culasse à quatre soupapes, arbre d’équilibrage, allumage électronique, etc.), le trail Honda n’est guère plus performant (31 chevaux et 131 kg) que celui de la Yamaha. Bon coté de la chose, il est possible d’en dénicher une dès 2500 euros.
- Les + : look rétro, prix , légère, fiable, versions 125 et 250 cm3
- Les – : puissance
7 – Kawasaki W650 (1999-2006)
Apparue en 1999, la Kawasaki W650 est la descendante de la W1 de 1965, clone des BSA A10 et Triumph Bonneville. Les ingénieurs de Kobe ont particulièrement soigné ce bicylindre avec une distribution assurée par un couple conique. Grâce à son twin longue course et un calage du vilebrequin à 360°, cette néo-rétro propose le caractère moteur rugueux d’une anglaise classique. On regrettera que son rendement (50 chevaux & 56 Nm) soit peu ou prou similaires à une Royal Enfield 650 Euro 5.
Malgré les ans, cette machine conserve une cote très soutenue (au dessus de 4 000 euros) en raison de lignes intemporelles et d’un moulin comme on n’en fera plus jamais !
- Les + : moteur « raffiné », qualité de fabrication, présence d’un Kick
- Les – : frein avant juste, cote en occasion, selle dure