Pour permettre au monde du camping-car de s’électrifier 😨 malgré le poids des batteries, les parlementaires européens ont autorisé les titulaires de permis B à dépasser largement la conduite d’engins de 3,5 tonnes habituels. Un texte qui n’est pas encore en vigueur et qui concernera tous les camping-cars, et pas seulement les modèles électriques.
Il suffira d’avoir son permis en poche depuis deux ans pour pouvoir conduire des engins de plus de 4 tonnes, 6 m de long et 3 de haut.
C’est plié, validé et approuvé par les eurodéputés. Ils viennent de se prononcer et autorisent les titulaires du permis B de l’Union à conduire des véhicules de 4,25 tonnes. Pas n’importe lesquels : ne sont concernés que les ambulances, les camionnettes embarquant 9 passagers, mais surtout les camping-cars. Et pas seulement pour les titulaires du permis B d’avant 1975, mais tous les conducteurs de voitures légères.
Car c’est aux grosses maisons roulantes qu’ont pensés les élus de Bruxelles. Pourquoi ce cadeau ? Au départ, le texte partait d’une bonne intention : ces engins, comme les autos, doivent se convertir à l’électrique d’ici 2035, si la législation n’évolue pas d’ici là. Sauf que le monde du camping-car n’est même pas passé du diesel à l’essence comme la majorité des autos. Quant au 100 % électrique, il en est totalement absent. Aujourd’hui, 99 % du parc européen roule au gazole. Alors comment faire évoluer ce marché ?
Augmenter le poids pour faire passer les camping-cars à l’électrique
Après consultation, les élus ont constaté que l’un des freins à l’électrification des fourgons et camping-cars provenait du poids, selon eux du moins. Les engins frôlent déjà les 3,5 tonnes, et si on leur adjoint des batteries, ils tombent tous sous le coup du permis poids lourd. Alors, comme les plus gros modèles de batteries frôlent les 700 kg, ils ont fait leur petite addition pour établir un nouveau poids maximum à 4,25 tonnes, accessible avec un simple permis B. Une autorisation limitée au départ aux autocaravanes (comme on les appelle au sein des documents de l’Union européenne) électriques. Ils sont même allés plus loin dans cette première mouture de texte, puisqu’ils ont inclus dans leur autorisation, les engins roulant au gaz et au GPL.
Voilà une bien bonne nouvelle pour les associations de camping-caristes qui font du lobbying à Bruxelles, se sont dit les instigateurs du texte. Sauf que non. Depuis deux ans, la FICM (Fédération Internationale des Clubs de Motorhomes) est vent debout et hurle à la discrimination pour les 600 000 camping-caristes européens. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’ils estiment que cette nouvelle règle est un déni de démocratie, puisque, hormis les modèles électriques, qui n’existent pas encore, tous les autres engins achetés par leurs adhérents sont privés de ce surpoids légal.
Prévu au départ pour les seuls camping-cars électriques, le texte final utilise tous les engins à adopter une surcharge.
Résultat : un an plus tard, la fédération a eu gain de cause, et tous les camping-caristes vont désormais pouvoir s’alourdir à loisir jusqu’à 4,25 tonnes, et en plus, ils pourront tracter une remorque de 500 kg sans craindre la maréchaussée.
Seule contrainte pour conduire ces énormes et lourds équipages : justifier de deux ans de permis. Avec le papier rose désormais accessible à l’âge de 17 ans, en France et dans quelques autres pays de l’Union, les législateurs ont voulu jouer de prudence. Si tant est que confier à un novice, même au bout de deux années probatoires, le volant d’un engin de trois mètres de haut, 6 de long, et 4,7 tonnes (avec la remorque) puisse s’apparenter à de la prudence.
Pour autant, il est inutile de se précipiter demain matin chez un concessionnaire pour s’offrir un gros camping-car à double essieu qui dépasse les 4 tonnes avec son permis B. Car si le texte est désormais voté par les Parlementaires, il n’est pas au bout des multiples validations voulue par les arcanes de l’Union.
Il doit désormais être approuvé par le conseil des ministres des transports des États qui doivent se réunir pour en discuter et, éventuellement amender le texte. Dans ce cas, il doit retourner au Parlement pour un nouveau vote. Au final, il doit être adopté par les différents pays, avant d’être appliqué. Plusieurs mois, voir plusieurs années, vont donc se passer avant que les camping-cars ne s’alourdissent, et encore plus de temps avant qu’ils ne s’électrisent.